Comment la crise du Covid-19 impacte-t-elle les chaînes de valeur internationales ?

Les « chaînes de valeur internationales », c’est-à-dire les processus de production des biens et services localisés dans plusieurs pays, sont un des aspects les plus marquants de la mondialisation. Les biens intermédiaires (des biens utilisés dans la production d’autres biens, par exemple l’acier) représentent environ la moitié du commerce international de biens. Les échanges internationaux de services, plus difficiles à mesurer, jouent également un rôle important dans la production globale.

Or, la crise du Covid-19 a conduit à fragiliser ce mode d’organisation de la production. Les mesures sanitaires introduites dans différents pays ont conduit les entreprises à ralentir ou arrêter leur production, ce qui a par conséquent impacté la production de leurs clients. Elles ont aussi réduit la demande qu’elles adressent à leurs fournisseurs. Dans les filières, c’est donc l’ensemble de la chaîne de valeur, en amont comme en aval, qui est impacté par cette crise. Faut-il donc revoir entièrement ce mode d’organisation de la production, et rapatrier sur le territoire national les chaînes de production afin de les « sécuriser » ?

Les données présentées dans les deux graphiques permettent d’illustrer ce débat pour la France. Les chaînes de valeur sont davantage régionales que mondiales. Par exemple, les importations françaises de biens intermédiaires et d’équipement ne proviennent que pour un tiers des pays hors Union européenne. Parmi les pays européens, l’Allemagne représente à elle seule 20 % des importations françaises. Pour les exportations, les pays hors Union européenne ne comptent que pour moins de 30 % des exportations de la France. Cette très forte régionalisation s’explique d’abord par la géographie mais elle dépend aussi des politiques économiques. En Europe, le marché unique et la monnaie commune ont permis de créer un environnement stable propice aux liens commerciaux.

Dans le contexte de la crise sanitaire, une réponse coordonnée des politiques économiques à l’échelle de l’Union européenne est donc souhaitable. Dans ce cadre, les mesures de la Banque centrale européenne ont notamment apporté un soutien aux principaux clients et fournisseurs des entreprises françaises au sein de la zone euro, en assurant la continuité de leur accès au crédit.

Si une réflexion d’ensemble sur la résilience des chaînes de valeurs est souhaitable, il ne faut pas oublier néanmoins que la fragmentation de la production a permis de réaliser d’importants gains d’efficacité.  Le défi est, comme souvent en économie, de trouver le bon équilibre entre diversification et gains liés à la spécialisation.

Source : calculs BdF à base des données BACI (CEPII) pour l’année 2017. Les biens intermédiaires sont identifiés par la classification Broad Economic Categories (BEC) réalisé par les Nations Unies.