La pandémie mondiale a donné lieu à un épisode exceptionnel de sorties de flux de capitaux des pays émergents. Elles se sont avérées plus importantes encore qu’en 2008, alors que de nombreux pays émergents avaient renforcé leurs fondamentaux depuis lors. Un retour des capitaux, progressif et différencié selon les pays, a suivi cet épisode, sans pour autant effacer ce choc financier.
Pour répondre aux conséquences de ce choc, les filets de sécurité ont été mobilisés à tous les niveaux : nationaux, régionaux, bilatéraux et multilatéraux. Au niveau national, les pays ont réagi en mobilisant politiques budgétaire et monétaire, y compris des programmes non conventionnels inédits d’achats d’actifs, des interventions de change, et un assouplissement macroprudentiel temporaire. Contrairement au passé, il y a eu peu d’instaurations de contrôles de capitaux. L’accès aux devises, notamment au dollar, a été facilité par la mise en place d’outils par la Réserve fédérale américaine (Fed) et l’Eurosystème : swaps de change entre banques centrales ; mais surtout les facilités de repo, qui ont permis à certaines banques centrales non couvertes par le réseau de swaps d’accéder à la liquidité en devise. En outre, les banques multilatérales de développement ont multiplié les accords de financement, tandis que les accords financiers régionaux ont été très peu mobilisés. Enfin, le Fonds monétaire international (FMI) a déployé l’ensemble de ses instruments, avec un nombre exceptionnel de prêts accordés (118,1 milliards de dollars américains, pour 88 pays au 7 septembre 2021). Ces prêts se sont essentiellement présentés sous la forme de facilités de crédit rapide (en particulier pour les pays en développement), mais également d’instruments de précaution (pour certains pays émergents).
Toutes ces mesures ont permis d’éviter le défaut de nombreux pays émergents, qui ont cependant accusé un choc financier de grande ampleur (70 milliards de dollars de sortie de capitaux pendant les cinq premières semaines de la crise pour les pays émergents). Celui-ci a contribué à augmenter de 77 millions le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté extrême de 2019 à 2020 selon les estimations de la Banque mondiale, essentiellement dans les pays pauvres et émergents. Des aides complémentaires sont donc nécessaires pour restaurer durablement la croissance. L’allocation générale de droits de tirage spéciaux du FMI (d’un montant équivalent à 650 milliards de dollars), mise en œuvre en août 2021, a renforcé les réserves internationales et pourrait être l’occasion de mettre en place des mesures plus pérennes à travers leur réallocation vers les pays émergents.
Découvrez l’impact de la crise sur les flux de capitaux dans les pays émergents, le rôle des filets de sécurité mondiaux et les perspectives de réallocation des droits de tirage spéciaux dans le Bulletin de la Banque de France n° 239/3.
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