Le niveau d’activité de fin 2019 serait retrouvé à mi-2022

Après une chute de l’activité au deuxième trimestre, lors du premier confinement, puis un très net rebond de juin à septembre, l’économie française subit en fin d’année un nouveau choc négatif lié à la reprise de l’épidémie et aux mesures sanitaires. Ce choc est toutefois beaucoup moins fort qu’au printemps du fait d’une plus forte différenciation de l’effet des restrictions entre les différents secteurs d’activité : le secteur manufacturier, la construction, certains services aux entreprises et les services non marchands seraient relativement moins touchés qu’au printemps. (voir point sur la conjoncture française à début décembre 2020 pour plus de détails). Cette rechute de l’activité conduirait à un recul du PIB d’environ 9 % en moyenne sur 2020 selon nos projections macroéconomiques 2020-2023.

Début 2021, l’activité économique serait pénalisée par une consommation des ménages encore contrainte, avec une levée progressive des mesures sanitaires. Dans le scénario central, qui est prudent, l’hypothèse est que l’épidémie ne cesserait pas immédiatement et que le déploiement généralisé de vaccins ne serait pleinement effectif que vers fin 2021. Dans ces conditions, le niveau d’activité de fin 2019 ne serait retrouvé qu’à mi-2022, et le rattrapage s’étalerait sur 2021 et 2022, avec une croissance du PIB autour de 5 % sur chacune de ces deux années. En 2023, la croissance serait encore un peu supérieure à 2 %, un rythme certes toujours élevé, mais moins inhabituel. En comparaison, la zone euro évoluerait, dans le scénario central, de façon assez similaire mais avec une chute du PIB plus modérée en 2020 (autour de – 7 %), compensée par un rebond plus faible en 2021, comme en 2022 (environ 4 %).

L’incertitude autour de ce scénario central est forte, et nous avons donc choisi de ne publier que des prévisions arrondies. Des hypothèses alternatives sur l’évolution de la pandémie amènent en outre à compléter cette projection d’un scénario favorable, dans lequel la situation sanitaire s’améliorerait nettement dès le début 2021, où le PIB connaîtrait un rebond plus fort (+ 7 %).

Grâce à l’amortisseur des finances publiques, le pouvoir d’achat des ménages serait en moyenne préservé en 2020 et en 2021 malgré la récession. Le taux d’épargne, après son niveau record de 2020 (22 %), resterait encore élevé en 2021 dans le scénario central. De son côté, linvestissement des entreprises, après une forte chute en 2020 (– 10 %), rebondirait nettement en 2021. Même si l’ampleur des dispositifs d’activité partielle a permis de limiter à court terme la détérioration du marché du travail, celle-ci interviendrait, avec retard, sur les trimestres à venir et le taux de chômage atteindrait un pic proche de 11 % au premier semestre 2021. Mais il refluerait ensuite vers 9 % à fin 2022.

Après s’être progressivement affaiblie depuis le début de l’année, l’inflation totale (IPCH) s’établirait, en moyenne annuelle, à 0,5 % en 2020. Elle se redresserait ensuite très progressivement pour se situer légèrement au-dessus de 1 % à fin 2023.

Le déficit public ne reculerait que progressivement après sa forte hausse en 2020. En l’absence de mesures nouvelles de consolidation budgétaire, il serait toujours proche de 4 % du PIB en 2023, et la dette publique approcherait 120 % du PIB à cet horizon.