Le système financier à l’épreuve de la crise sanitaire

Le système financier est aujourd’hui bien plus solide qu’en 2008 :

  • Le renforcement des exigences en matière de capital et de liquidité est effectif pour tous les acteurs financiers (banques, assurances). Les bilans des banques ont été progressivement assainis et le cadre de résolution est en place.
  • Au-delà, « l’écosystème financier » est aussi plus résilient, notamment suite aux réformes sur les dérivés de gré à gré (OTC – over the counter) (ceux qui ne sont pas compensés dans une chambre) et à la mise en place des obligations de compensation, ou encore grâce à la réforme de la titrisation.

Le maintien actuel des échanges sur le marché interbancaire illustre parfaitement cette confiance dans les acteurs bancaires. Contrairement à ce qu’on a pu observer en 2008, ceux-ci peuvent contribuer à la résolution de la crise, sans créer de nouvelles sources de difficultés.

Mais le choc macroéconomique actuel est de nature à amplifier des vulnérabilités déjà identifiées :

  • Le choc macroéconomique attendu affecte la liquidité voire la solvabilité des entreprises et des ménages français. Ce risque est d’autant plus important que : (i) leur endettement a été très dynamique récemment et que (ii) les marges de manœuvre budgétaire sont plus étroites qu’à la veille de la précédente crise. Les États dont les équilibres financiers sont les plus fragiles ont ainsi enregistré un écartement de leur spread souverain qui, s’il devait s’accentuer, pourrait se traduire par des difficultés de financement. De la même façon, la qualité des actifs des banques pourrait se dégrader. Cela  peserait sur leur solvabilité, limiterait leur capacité à se refinancer auprès de contreparties de marché, ou pourrait les conduire à limiter la distribution du crédit aux sociétés non financières et aux ménages.
  • Les marchés à court terme ont été – immédiatement et fortement – affectés, dans un contexte où les différents acteurs cherchent à préserver leur accès à la liquidité. Les fonds monétaires ont limité leurs achats de papiers commerciaux afin de conserver des actifs suffisamment liquides. Parallèlement, ils subissaient ou se préparaient à des demandes de rachat importantes . Celles-ci proviennent notamment d’entreprises non financières qui liquident leurs actifs financiers pour faire face à des besoins de trésorerie accrus, en raison de l’interruption de leur activité ou de leurs craintes de ne plus pouvoir accéder au marché de court terme. L’intervention des banques centrales vise à éviter un cercle vicieux qui aggraverait les difficultés de financement des acteurs financiers et non financiers.
  • La situation des banques et des assurances dépend également de la dynamique des marchés financiers. La plupart des segments de marché sont soumis à des épisodes de forte volatilité, avec une correction des valorisations en partant d’un niveau jugé précédemment très élevé.
  • La persistance d’un contexte de taux d’intérêt bas, amplifiée par la recherche de la qualité (ou flight to safety), renforce par ailleurs les contraintes de gestion actif-passif des assureurs-vie, avec une baisse sensible de leurs ratios de solvabilité, alors que le rendement de leurs portefeuilles d’actifs s’érode.
  • Enfin, l’impact de la pandémie et des mesures sanitaires se traduit par l’activation des plans de continuité d’activité des acteurs financiers.

L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) se mobilise totalement pour suivre, au quotidien, ces différents risques. Tout démontre à ce stade que ces derniers sont précisément identifiés et que les institutions financières sont armées pour y faire face.