Guy Lévy-Rueff, directeur de la Conjoncture et des Prévisions macroéconomiques de la Banque de France.
Sans être encore à l’arrivée, l’économie française accélère sur la route de la sortie de crise. On le voit dès à présent, avec les services – en premier lieu l’hôtellerie-restauration – qui repartent en mai et surtout en juin. Après la chute de 2020, la croissance française atteindrait 5,75 % en 2021, soit davantage que la moyenne européenne à 4,6 %, et mieux que l’Allemagne et l’Italie. L’activité devrait retrouver son niveau d’avant-crise un peu plus tôt que prévu, dès le début de l’année 2022. La consommation des ménages et l’investissement des entreprises, grâce au retour de leur confiance, sont les deux moteurs de ce rebond.
En 2022, la croissance du PIB s’établirait à 4 %, puis à 2 % en 2023. La forte croissance du PIB serait essentiellement portée par la contribution de la demande intérieure en 2021 et 2022, à la fois de la consommation et de l’investissement. Le pouvoir d’achat des ménages, après avoir été globalement préservé en 2020, reprendrait en effet sa progression en 2021 et 2022. Les dépenses des ménages accéléreraient encore en 2022 grâce au surplus d’épargne accumulé précédemment ; leur investissement serait notamment soutenu en 2021 et 2022, ce qui leur permettrait de rattraper les projets immobiliers reportés pendant la crise sanitaire. Pour les entreprises, leur taux de marge reviendrait dès 2021 au niveau pré-Covid, et leur taux d’investissement, après avoir bien résisté à la récession de 2020, se situerait à un niveau historiquement élevé.
L’inflation totale s’élèverait à 1,5 % en moyenne annuelle en 2021.
Le marché du travail devrait confirmer sa résilience, grâce à l’ensemble des mesures d’urgence mises en place pour limiter les destructions d’emplois au cœur de la crise, puis à des créations nettes d’emplois assez significatives de 2021 à 2023. Compte tenu d’une rapide remontée de la population active, qui rattraperait sa tendance pré-crise, le taux de chômage atteindrait 9,3 % au cours du premier semestre 2022, avant de décroître pour revenir nettement en dessous de 9 % en 2023.
Pour en savoir plus, voir nos projections macroéconomiques de juin 2021.
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