Les banques et les organismes d’assurance français font preuve de résilience grâce à des fondamentaux solides et au soutien des autorités publiques
Sur les neuf premiers mois de 2020, avec une chute de près de 39 % par rapport aux neufs premiers mois de 2019, le résultat agrégé des quatre principaux groupes bancaires français s’élève à 11 milliards d’euros. Ce repli s’explique essentiellement par la charge du risque [coûts associés aux provisions (mises en réserve) faites pour couvrir différents types de risques], qui a plus que doublé et, côté revenus, par un recul sensible des activités d’assurance et de gestion d’actifs. À l’inverse, la banque de financement et d’investissement a globalement bien résisté avec des revenus en augmentation, autour de 3 %.
Concernant la banque de détail, la production de prêts à l’habitat a atteint un plus haut historique en septembre avec 19 milliards d’euros de crédits nouveaux, démentant les mauvais procès sur la « dégringolade » de l’accès au financement immobilier qu’auraient entraînée selon certains les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière en matière de critères d’octroi, édictées en décembre 2019.
Bien que réel, l’effet de la crise ne remet pas en cause les fondamentaux solides des banques françaises, qui ont poursuivi leurs progrès en solvabilité. Depuis 2008, leurs fonds propres ont plus que doublé. Les quatre premières banques françaises affichent, à fin septembre 2020, un ratio de solvabilité supérieur à celui de leurs homologues européennes et américaines, à 14,6 % en moyenne, soit + 56 points de base par rapport à fin 2019. Pour les organismes d’assurance, malgré une baisse de 28 points de pourcentage de leur taux de couverture entre la fin 2019 et le troisième trimestre 2020, leur solvabilité globale demeure très solide, autour de 239 %.
Cette résilience tient à l’effort des institutions financières elles-mêmes, mais aussi pour beaucoup à l’action des autorités publiques [De quoi se compose le nouveau bouclier mis en place par l’État pour soutenir les entreprises touchées par la pandémie ?, Pourquoi l’État doit-il intervenir pour aider l’économie ?]. Ménages et entreprises traversent ce choc grâce notamment au « bouclier de trésorerie » mis en place par les autorités publiques et qui a prouvé son efficacité. Il est ainsi primordial que celui-ci soit maintenu dans la mesure même où la crise se prolonge.
Dans ce contexte fort d’incertitudes économiques, il faut renforcer la solvabilité des entreprises pour mieux assurer la solidité des banques
À l’évidence, les incertitudes restent fortes pour 2021, en attendant le plein effet des vaccins et le retour de la confiance sanitaire, qui est indispensable à la confiance économique. Il faudra suivre avec vigilance l’impact de la forte poussée du chômage attendue au premier trimestre 2021 [Projections macroéconomiques France], ainsi que le niveau de défaillance des entreprises, même si celui-ci reste jusqu’à présent à un niveau modéré – inférieur à celui constaté en 2019 et 2018.
Parallèlement, et porté par le dispositif de prêts garantis par l’État (PGE), l’accès des entreprises au crédit, et notamment au crédit de trésorerie, atteint au troisième trimestre 2020 un niveau historique ; traduction d’une véritable mobilisation collective pour favoriser le financement des entreprises, y compris les plus petites. Dans ce contexte, les entreprises ont vu leur endettement brut augmenter de 12,9 % entre juin 2019 et juin 2020. C’est la plus forte hausse d’Europe, alors que les entreprises françaises étaient déjà plus endettées que la moyenne.
Pour éviter que cet endettement ne fragilise financièrement les entreprises – et par contagion la solidité des banques –, des dispositifs de quasi-fonds propres publics seront nécessaires pour conforter les entreprises. Selon les estimations de la Banque de France, 20 milliards d’euros de quasi-fonds propres publics seront nécessaires pour accompagner les ETI, les PME et les TPE qui n’ont pas accès au marché actions. C’est l’un des volets du plan de relance avec notamment le recours aux prêts participatifs. Tout l’enjeu est d’aider rapidement ces entreprises fragilisées financièrement par la crise de la Covid-19, mais viables économiquement. De ce point de vue, la présence systématique de co-investisseurs privés, notamment les institutions financières, est indispensable : ceux-ci aideront à sélectionner les entreprises ayant un avenir économique, afin de préserver les fonds publics.
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