Pour un filet de sécurité financière plus efficace pour les pays pauvres

La crise de la Covid-19 met en exergue les vulnérabilités des pays à faible revenu (PFR) à des chocs mondiaux, pour l’essentiel liées à leur faible niveau de développement. Les risques sanitaires demeurent significatifs, alors que les campagnes vaccinales sont à peine lancées et demeurent sous-financées. Les risques de diffusion lente ou fractionnée et de résurgence locales apparaissent plus élevés que dans les pays avancés, en raison des insuffisances des systèmes sanitaires et de possibles effets liés aux croisements avec d’autres épidémies (malaria, VIH). Les conséquences socio-économiques de long terme apparaissent particulièrement graves dans les pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne (ASS). Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB par tête reculerait de 1,6 % en ASS sur 2020-2021, alors qu’il progresserait dans le reste du monde (cf. graphique). Outre une augmentation immédiate de la pauvreté, des effets à plus long terme sur le développement humain sont prévisibles du fait de la progression de la malnutrition, d’une dégradation de l’accès aux systèmes sanitaires, des pertes d’apprentissage liées aux fermetures d’écoles entraînant un creusement des « pièges à pauvreté ».

Les PFR ne sont pas en mesure de faire face seuls à la crise. Les financements nécessaires pour la surmonter et permettant d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 s’élèveraient à 450 milliards de dollars d’ici 2025 selon le FMI, soit des montants supérieurs à leurs moyens financiers. La crise s’est en effet traduite en 2020 dans de nombreux pays africains par un creusement des déficits publics. L’accélération de l’endettement qui en résulte est particulièrement significative dans les PFR (pour la plupart situés en Afrique), dont plus de 50 % sont en risque élevé de surendettement ou en crise de la dette.

Dans ce contexte, le renforcement du filet de sécurité financière international pour les PFR peut apparaître nécessaire (Cabrillac et Jacolin, 2021).  Son objectif de court terme est de poursuivre et d’amplifier la réponse multilatérale à la crise, déjà déployée en 2020. Au-delà de la crise, l’objectif de ce filet de sécurité est d’assurer un accès plus égal aux biens publics mondiaux, dont la santé, qui eux seuls permettent de faire face de manière efficace et collective aux enjeux de gestion des prochaines crises et d’envisager un développement durable commun.

Évolution moyenne du PIB par tête
(en %)

Source : Fonds monétaire international (Perspectives économiques mondiales et Perspectives économiques régionales, avril 2021).

 

Pour en savoir plus, voir le billet de blog n° 217 sur le Bloc-notes Éco de la Banque de France.