Le soutien massif apporté à l’économie par l’État et la Banque centrale européenne (BCE) doit permettre aux banques de mobiliser les liquidités nécessaires pour les entreprises. Pour prévenir les difficultés de certaines d’entre elles, la Médiation du crédit s’organise en amont. Interview du médiateur national du crédit, Frédéric Visnovsky.
Pouvez-vous rappeler le rôle du dispositif de la Médiation nationale du crédit ?
La Médiation nationale du crédit est au service des entreprises, avec un principe simple : ne pas laisser une entreprise seule face à une difficulté de financement avec une banque ou un assureur crédit.
Elle est là pour faciliter le dialogue entre les entreprises et les banques, afin d’identifier des solutions adaptées aux besoins des entreprises confrontées à des difficultés de financement.
La Médiation du crédit est présente dans tous les territoires, dans les succursales de la Banque de France.
Concrètement, le dépôt du dossier se fait en ligne ; puis, dans les 48 h, le médiateur départemental accepte le dossier (s’il est éligible), contacte la banque (qui a 5 jours pour revoir sa position), et tente de résoudre les points de blocage qui peuvent subsister après ce nouveau délai.
Dans ce contexte inédit de crise sanitaire et de crise économique, y a-t-il des adaptations nécessaires à l’exercice de notre mission sur le territoire ? Quelles sont-elles ?
Dans cette situation de crise sanitaire, il est utile de rappeler le contexte dans lequel se déploie le dispositif de médiation du crédit. La Banque centrale européenne a lancé un programme d’achat d’obligations de 750 milliards d’euros ; c’est un bouclier pour garantir le financement des entreprises par les banques. En France, l’État assure également un soutien de grande ampleur, avec les dispositifs de chômage partiel, de reports de charges, ainsi que la garantie bancaire de 300 milliards pour la trésorerie des entreprises.
Le réseau de la Banque de France est totalement mobilisé au plus près de ce qui se passe sur le terrain ; et les premières remontées soulignent les difficultés rencontrées dans les différents secteurs d’activité. D’abord, le tourisme, l’hôtellerie, puis d’autres domaines sont touchés par les conséquences du confinement. Le secteur des services peut se maintenir (on pense au télétravail notamment), mais il est clair que le confinement pénalise encore plus fortement l’activité économique. L’équilibre est difficile à trouver entre la protection sanitaire et le maintien des activités économiques essentielles, mais les pouvoirs publics s’y emploient avec les fédérations professionnelles.
Il est encore tôt pour observer une hausse des dossiers de médiation du crédit, car les deux « boucliers » de la BCE et de l’État jouent en premier leur rôle pour que les banques puissent fournir les crédits. Nous avons des remontées permanentes du Réseau. Cela permet d’alerter les pouvoirs publics et, sur les questions de financement, nous pouvons intervenir, si nécessaire, auprès des établissements bancaires afin d’alerter sur des situations anormales.
L’une des remontées du réseau a porté très vite sur la question du crédit interentreprises. Le gouverneur a lancé un appel à la responsabilité des entreprises, car c’est un comportement irresponsable de la part de grandes entreprises qui, en préservant leur trésorerie, vont mettre à mal des plus petites. Les dispositifs publics ne sont pas en place pour remédier à cela. Un comité de crise a été créé avec les organisations socio-professionnelles, sa mission sera de faire respecter des comportements raisonnables en matière de délais de paiement.
Sur un plan plus opérationnel pour la médiation, nous avons allégé le dispositif de saisie en ligne, de manière à simplifier le processus pour le chef d’entreprise et le réseau, et assoupli également les critères d’éligibilité. L’objectif est d’augmenter notre réactivité et notre capacité de traitement des dossiers pour densifier autant que possible notre soutien aux entreprises. Malgré le manque de visibilité que nous avons tous, sur l’activité économique des prochaines semaines, nous avons donc pris les devants pour que la Médiation du crédit joue pleinement son rôle, et le réseau de la Banque de France se mobilise fortement.
Partager cet article