Quelle transmission des prix du pétrole aux prix des carburants ?

La crise de Covid-19 a entraîné début 2020 une forte chute du prix du baril de pétrole brut (brent). Par symétrie, la sortie progressive de la crise de Covid-19 a provoqué une forte hausse du prix du baril de brent (+ 35 euros entre octobre 2020 et octobre 2021, c’est-à-dire un doublement). Cette évolution s’inscrit dans un contexte de demande mondiale plus forte qu’avant la pandémie, liée à la reprise économique, et de baisse de la production.

Cette hausse s’est répercutée sur les prix des carburants en France : le prix toutes taxes comprises (TTC) du gazole a ainsi augmenté de 34 centimes d’euro entre octobre 2020 et octobre 2021, passant de 1,20 à 1,54 euro le litre en moyenne, soit + 28 % depuis un an. Comment les stations-service répercutent-elles cette hausse des coûts de la matière première sur les prix à la pompe ?

  • Le prix TTC à la pompe comprend deux composantes (cf. graphique) :
    • le prix hors taxes (HT) fluctue à une fréquence quotidienne et intègre notamment le prix d’achat de la matière première, les coûts de distribution ainsi que la marge des distributeurs. Le prix de la matière première dépend directement des évolutions du prix du brent et des coûts de raffinage.
    • les taxes représentent environ 60 % du prix TTC : la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), d’un montant fixe par litre, et la TVA, qui est proportionnelle au prix incluant la TICPE .
  • Suite à une variation du coût de la matière première, les prix des carburants s’ajustent progressivement. Il faut en moyenne 11 jours ouvrés pour observer 90 % de la transmission d’une variation des coûts sur les prix. La répercussion totale aux prix des carburants s’observe en moyenne en 20 jours ouvrés.
  • Pour un choc de 1 % sur le prix du gazole raffiné (soit 0,52 centime d’euro à partir d’un prix initial de 52 centimes en octobre), le prix hors taxes (HT) du gazole augmente à long terme de 0,75 % (soit 0,50 centime d’euro à partir d’un prix initial de 0,67 euro) et implique une hausse du prix TTC de 0,3 % (soit 0,5 centime d’euro, également à partir d’un prix initial de 1,54 euro). Cette réaction est donc cohérente avec la part du coût dans les prix et suggère un ajustement complet.
  • La réponse des stations à une baisse du coût de la matière première est similaire à la réponse à une hausse, tant pour la vitesse que pour l’ampleur de l’ajustement.

Sources : Ministère de la Transition écologique, Reuters, Bloomberg. Calcul des auteurs.