Le recours au télétravail s’est accru soudainement et massivement au printemps 2020 avec les mesures sanitaires prises dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. En France, plus du quart des travailleurs ont été concernés alors qu’ils étaient moins de 3 % à travailler à domicile au moins un jour par semaine en 2017 selon la Dares. Un tel changement a nécessité la levée de freins à la fois culturels, techniques et parfois réglementaires, liés à cette pratique et devrait représenter un tournant dans l’organisation du travail pour de nombreuses professions.
Quels effets peut-on attendre de ces changements sur le long terme ? Deux articles du Bloc-notes Éco de la Banque de France abordent ces questions.
Tout d’abord sur la productivité. La mise en place d’un télétravail plus généralisé pourrait se traduire par des effets favorables sur la productivité des entreprises notamment à travers l’accélération de la diffusion des technologies. Mais la littérature économique souligne que le plein bénéfice de cet effet favorable appelle une préparation appropriée (managériale, matérielle et réglementaire) et que les effets pourraient être au contraire très négatifs si ce n’était pas le cas.
Ensuite, concernant les effets géographiques et notamment les effets sur la demande en immobilier de bureau. Une amplification du recours au télétravail – en particulier des cadres des entreprises de service, qui sont les plus concernées – pourrait entraîner des transformations importantes sur l’immobilier d’entreprise. La demande d’espaces de bureau dans des centres urbains très denses et dont les prix par m² sont déjà très élevés devrait diminuer. Ceci entraînerait une baisse de ces prix, infléchissant une tendance d’agglomération observée depuis les années 1980, en France comme aux États-Unis, avec des implications macroéconomiques potentiellement importantes sur l’emploi, la dynamique des entreprises et l’investissement.
Dans les deux cas, le recours au télétravail n’est pas homogène et concerne essentiellement des emplois de services occupés par des cadres. Les différentes conséquences pourraient donc faire apparaître des disparités spatiales importantes. Pour les apprécier, la carte suivante affiche une mesure de l’intensité potentielle du télétravail par département en fonction de la composition sectorielle et professionnelle locale.
Hétérogénéité des potentialités de télétravail par département
Note de lecture : L’intensité du télétravail est une mesure comprise variant de 0 à 1 (intensité de la plus faible à la plus forte), construite à partir de la composition sectorielle et professionnelle de chaque département en 2018. Sa valeur absolue n’a pas d’interprétation directe.
Sources : DADS – Déclaration annuelle de données sociales, Dingel et Neiman (2020) et Dares – Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (2019).
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