Quels remèdes au déficit d’investissement européen dans l’innovation ?

Synthèse du discours d’ouverture de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lors de la conférence Banque de France – Banque européenne d’investissement (BEI) du 4 mai 2021  : « Investir dans la transition numérique et écologique après la crise Covid ».

La reprise économique après la crise Covid s’opère en ordre dispersé, avec notamment un net retard économique de l’Europe par rapport aux États-Unis. Celui-ci est essentiellement attribuable à un déficit d’investissement dans l’innovation. Afin de se remettre sur le chemin de l’innovation, l’Europe dispose de deux réservoirs d’énergie, parfaitement compatibles avec son modèle social et environnemental : celui de son capital humain et celui son marché unique.

L’Europe doit pleinement laisser exprimer son capital humain. Cela passe en premier lieu par la réduction des inégalités en matière d’éducation, fortement influencées par des facteurs sociaux et familiaux, au moyen de l’investissement dans l’enseignement primaire et grâce à des politiques de mentorat. Ensuite, l’avantage concurrentiel de l’Europe dépend de sa capacité à assurer la mobilité par la formation professionnelle, et ce d’autant plus que les emplois de demain seront encore plus fluctuants qu’aujourd’hui. La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (« loi Avenir professionnel ») de février 2018 est en ce sens une des plus grandes réformes de ces dernières années en France. Enfin, la qualité du management est susceptible d’affecter la productivité et l’innovation.

L’Europe peut également mettre à profit tout le potentiel de son marché unique. Tout d’abord, l’effet taille du marché unique, le plus vaste du monde, doit être mieux exploité. Sa puissance peut être optimisée afin d’orienter de manière plus stratégique la politique industrielle et la politique de concurrence européennes. En matière industrielle, les partenariats public-privé permettraient de mieux stimuler l’innovation, comme pour l’intelligence artificielle et les batteries. La politique de concurrence devrait quant à elle être recalibrée en matière de fusion et de prises de participations étrangères, et adaptée aux spécificités du secteur numérique. L’Europe doit également mieux mobiliser ses ressources financières, afin de réaliser une véritable « Union de financement pour l’investissement et l’innovation ». En l’état, l’Europe est confrontée à un douloureux paradoxe : elle dispose du plus grand réservoir d’épargne domestique au monde, mais l’investissement a diminué depuis la crise de 2008. Pour y remédier, les entreprises doivent s’appuyer davantage sur des financements par fonds propres, plus adaptés, afin de financer l’innovation. La consolidation de l’Union des marchés de capitaux est sur ce plan essentielle afin d’aider les entreprises à lever rapidement des fonds, tandis que des efforts supplémentaires devraient accomplis dans les domaines du capital-risque paneuropéen, de la surveillance des marchés ou de la transparence des données des entreprises.

Pour en savoir plus, voir l’intégralité du discours de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.

 

« Investir dans la transition numérique et écologique après la crise Covid »
Replay de la conférence Banque de France – Banque européenne d’investissement (BEI).