En 2022, la croissance du PIB serait meilleure que prévu précédemment (2,6 % en moyenne annuelle), en dépit des difficultés persistantes du côté de l’offre. Elle est portée par la résilience de la demande et le rebond du secteur des services. Mais le choc supplémentaire sur les prix internationaux du gaz survenu au cours de l’été, combiné à l’arrêt des livraisons de gaz russe vers l’Europe, freinerait l’activité à partir du dernier trimestre.
Pour 2023, la projection est entourée d’incertitudes très larges liées à l’évolution de la guerre russe en Ukraine. Les aléas portent à la fois sur les quantités et les prix d’approvisionnement en gaz, ainsi que sur l’ampleur et la durée des mesures gouvernementales de protection des ménages et des entreprises. C’est pourquoi nous avons choisi de retenir des fourchettes de prévisions. Pour la variation annuelle du PIB, elle s’établirait entre 0,8 % et – 0,5 %, avec des taux d’inflation compris respectivement entre 4,2 % et 6,9 %. Ces fourchettes ont été définies autour d’un scénario de référence où, selon la convention habituelle, les prix de l’énergie (pétrole et gaz) évolueraient selon les prix sur les marchés à terme (observés à la date du 22 août), et où l’arrêt des livraisons de gaz russe serait en partie compensé par les possibilités de substitution et les économies d’énergie. Dans ce scénario de référence, les tarifs d’électricité évolueraient comme en 2022, et les tarifs de gaz seraient ajustés graduellement afin de rejoindre mi-2024 les niveaux justifiés par les prix de marché. Cela aboutirait en 2023 à une hausse du PIB de 0,5 % et à un taux d’inflation (IPCH) de 4,7 %, avec un pouvoir d’achat par habitant qui serait préservé. Le haut de la fourchette de croissance serait atteint dans le cas où l’ajustement des tarifs de gaz serait plus limité, sous l’effet d’une levée plus progressive du bouclier tarifaire, au prix d’un endettement public encore accru. À l’opposé, le bas de la fourchette – qui n’exclurait pas une récession restant cependant limitée et temporaire – correspondrait à un scénario où l’arrêt des livraisons de gaz s’accompagnerait d’une hausse supplémentaire des cours du gaz naturel et d’une limitation de la fourniture de gaz et d’électricité.
À l’horizon 2024, dans un contexte de détente graduelle des tensions sur les marchés de l’énergie, l’économie française renouerait avec une croissance plus soutenue. Sur la base du scénario de référence, le PIB augmenterait de 1,8 % et l’inflation totale reviendrait, fin 2024, vers l’objectif de 2 % (2,7 % en moyenne annuelle).
À travers ces trois années, l’économie française montrerait une résilience de l’emploi, du pouvoir d’achat des ménages et du taux de marge des entreprises : au-delà des variations de court terme, chacune de ces trois variables serait en 2024 meilleure que dans la situation pré-Covid. En revanche, le ratio d’endettement public, déjà fortement dégradé à la suite du choc Covid, serait au mieux stabilisé à l’horizon 2024, du fait notamment du coût des mesures de soutien de type bouclier tarifaire.
Pour en savoir plus, voir nos projections macroéconomiques de septembre 2022.
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