Vers une chute historique des transferts des migrants suite à la pandémie de COVID-19 ?

Première source de financement extérieur des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) en 2019 (554 milliards de dollars), les transferts des migrants pourraient chuter de plus de 20 % en 2020 en raison de la crise sanitaire du COVID-19, selon les prévisions de la Banque mondiale. S’il se confirme, ce recul exceptionnel constituerait le plus important depuis 1970 (première année de disponibilité des données), devant celui constaté après la crise des subprimes (-5,5 %). Les envois d’argent à destination de l’Europe et Asie centrale et de l’Afrique sub-saharienne risquent d’être les plus affectés (respectivement –27,7 % et –23,1 %).

Habituellement résilients face aux chocs, les transferts des migrants seraient pénalisés par des difficultés opérationnelles à l’envoi d’argent en partie générées par le confinement. Les revenus des migrants sont aussi fortement affectés par le recul de l’activité économique, notamment dans les secteurs paralysés par la crise (hôtellerie-restauration…). Enfin, le coût des transferts pourrait augmenter dans certains pays, en raison notamment de la forte volatilité des taux de change ou des prix des matières premières.

Le risque souligné par la Banque mondiale illustre les incertitudes actuelles concernant les flux de financements à destination des PFRI (aide au développement, investissements directs). Les transferts des migrants représentant en moyenne 6 % du PIB des pays à faible revenu, cette chute risque d’affaiblir des économies déjà affectées par le ralentissement du commerce mondial, la baisse du prix des matières premières et l’effondrement du tourisme. Les populations dépendant de ces envois d’argent pour leurs besoins quotidiens risquent de tomber dans la pauvreté.